Un jour ou l’autre, la plupart des jeunes sont appelés, d’une part, à trouver du travail et à devenir autonomes sur le plan financier et, d’autre part, à quitter leurs parents et à fonder leur propre ménage ; bref, à quitter progressivement le monde des jeunes pour celui des adultes. A quels âges ces différentes transitions ont-elles lieu au Grand-Duché ? Et comment varient leurs calendriers aussi bien dans le temps (entre 1985-1994 et 1994-2000) qu’entre différentes catégories sociales (garçons/filles ; enfants de cadres /enfants d’employés; jeunes de nationalité luxembourgeoise/jeunes de nationalité étrangère) ? Telles sont les interrogations auxquel les cette étude tente de répondre. Pour ce faire, nous recourons aux données des panels socio-économiques Liewen zu Lëtzebuerg (PSELL) du CEPS/INSTEAD. Ces données couvrent les périodes 1985-1994 pour le premier panel (PSELL1) et 1994-2000 pour le second (PSELL2). Les analyses statistiques ont permis d’établir les âges auxquels les différents événements sont connus, et de mettre en exergue des variations dans le temps et entre différentes catégories de jeunes. Ainsi, au cours de la période 1985-1994, les jeunes quittaient le système scolaire vers 18 ans en moyenne et s’inséraient aussitôt sur le marché du travail. Dans la période 1994-2000, ils sortent en moyenne du système scolaire à 21 ans et ont leur premier emploi un an plus tard. La longévité dans le système scolaire s’est donc fortement accrue dans la période récente. Un autre résultat important est le fait que garçons et filles finissent leurs études et ont leur premier emploi quasiment aux mêmes âges ; ce n’est que plus tard, à l’occasion de la constitution de la famille, que certaines femmes se retirent du marché du travail. Si la variable sexe n’a aucune influence sur la fin des études et l’entrée sur le marché du travail, tel n’est pas le cas d’autres variables, comme la nationalité et la catégorie socioprofessionnelle du père : les fils de cadres, ainsi que les jeunes de nationalité luxembourgeoise, restent plus longtemps dans le système scolaire et entrent plus tard en activité que les fils d’employés/ouvriers et les jeunes de nationalité étrangère. Une fois les études finies et l’insertion sur le marché du travail assurée, l’étape suivante dans l’émancipation des jeunes est certainement le départ du domicile parental pour l’installation dans un logement personnel (ou dans celui du couple). Entre 1985-1994 et 1994-2000, l’âge auquel cette transition s’est faite s’est accru d’un an, passant en moyenne de 23 à 24 ans pour l’ensemble des jeunes. Contrairement à ce qui a été observé pour l’âge à la fin des études identique entre les garçons et les filles, ces dernières, en quittant leurs parents vers 22 ans et demi au cours de la période 1985-1994 et 23 ans et demi au cours de la période 1994-2000, sont plus précoces que les garçons, chez qui ces âges sont de 25 ans et 26 ans respectivement. Si les filles sont moins âgées que les garçons lors du départ du domicile parental (alors que les unes et les autres ont leur premier emploi au même âge), c’est probablement parce qu’elles peuvent, même en l’absence d’une autonomie financière, aller vivre avec un compagnon (l’inverse existe aussi mais est moins fréquent). Après les indépendances financière et résidentielle, la fondation de la famille constitue un des derniers actes du passage à l’âge adulte. Ici, les analyses ont montré qu’alors que de 1985 à 1994, cette fondation s’effectuait principalement par le mariage de célibataires, elle passe, dans la période 1994-2000, d’abord par une cohabitation chez la plupart des jeunes avant un éventuel mariage. Comme conséquence de ce changement, l’âge au premier mariage a fortement progressé en l’espace de 10 ans, passant en moyenne de 25 à 29 ans. Bien que cette progression concerne aussi bien les hommes que les femmes, des différences par sexe demeurent : les femmes âgées de 20-24 ans en 1985 se sont mariées à 23 ans et celles faisant partie de la même classe d’âge en 1994 à 27 ans, contre respectivement 26 et 30 ans chez les hommes. Mais toutes les femmes ne se marient pas plus tôt que les hommes ; au cours de la période récente, on a observé que les filles dont le père occupait un emploi de cadre se sont mariées aussi tardivement que les hommes.
Le passage à l’âge adulte au Luxembourg
De la fin des études à la fondation de la famille
Zitiervorschlag
Kuepie, M. (2003). Le passage à l’âge adulte au Luxembourg: De la fin des études à la fondation de la famille. Panel socio-économique „Liewen zu Lëtzebuerg“ (Cahier PSELL Nr. 137). Differdange. Centre d’études de populations, de pauvreté et de politiques socio-économiques (CEPS/INSTEAD).